Parentalité,  Portage

La simplicité au cœur du portage

La naissance d’un bébé est un moment émotionnel et physique d’une intensité rare. Comment ne pas s’émerveiller et s’étonner d’avoir réussi à créer un petit être si parfait ?

Il est enfin là, devant nous, dans nos bras. Si minuscule. Passé le tsunami de son arrivée, il n’est pourtant pas rare de brusquement se poser un milliard de questions. Le doute s’installe, pernicieux. Vais-je être à la hauteur ? Vais-je réussir à m’en occuper ?

Quel jeune parent ne s’est pas senti d’un coup écrasé par la soudaine prise de conscience de la responsabilité qui lui incombe ? Responsabilité largement amplifiée par les injonctions à bien faire portées par l’ensemble de la société.

Le portage est un excellent révélateur de tout ce qui peut se jouer autour de la parentalité en termes d’implication et de peur de mal faire.

Tout le monde porte.

Si si !

Lorsqu’on parle de portage, on imagine souvent un porte-bébé, mais en réalité le premier et principal portage du quotidien, c’est celui qui se pratique à bras ! Chaque parent en étant doté d’un ou 2 fonctionnels et chaque bébé devant bien à un moment ou un autre être manipulé, ne serait-ce que pour être changé, tout le monde le pratique…

Ensuite effectivement certains outils ont été proposés, tout du long de l’évolution de l’espèce humaine, d’abord rudimentaires puis de plus en plus perfectionnés. Selon les cultures et les traditions, porter son enfant peut être encouragé, indispensable, ou au contraire mal perçu voire déconseillé. On va porter tantôt emmailloté, tantôt non, dans des positions plutôt droites ou plutôt regroupées, vertical ou horizontal, et j’en passe…

Dès lors qu’on cherche des informations sur internet concernant le portage, c’est la panique !

Il faut porter physio, en écharpe, mais attention si le nœud est mal fait c’est mauvais pour bébé et si en plus il est habillé avec un pyjama à pieds, non vraiment ce n’est pas bon… Un porte-bébé non physio ? Mais quelle horreur ça va lui abîmer la colonne…

Au milieu de tout ça n’oublions pas le fameux conseil de tatie Cunégonde qui rappelle que de son temps on s’embêtait pas avec tout ça et que quand même, on en est pas morts… et en plus ça va en faire un capricieux, un bébé à bras.

Du coup on en fait quoi de babychou ?

Et bien ça dépendDe lui déjà, en tout premier lieu. Parce que n’oublions pas que c’est quand même le principal intéressé ! Les bébés ont tous des besoins qui leur sont propres, certains vont aimer dès le début avoir leur petit espace et s’éclater sur leur tapis, d’autres au contraire ne s’apaiseront que portés constamment par leurs parents.

Aucune des 2 situations n’est anormale, et surtout dans le cas où l’enfant a un besoin de portage plus intense que la moyenne, garder en tête que cela ne durera pas éternellement.

On ne connaît pas d’ados de 15 ans en bonne santé toujours portés ni allaités. La naissance reste une étape éprouvante pour le nouveau-né qui arrive d’un milieu très contenant, où il évoluait en apesanteur dans un liquide filtrant la plupart des stimuli, et où il ne connaissait ni la faim, ni l’inconfort, ni la douleur. Certains ont besoin d’un peu plus de temps que d’autres pour s’acclimater et demandent à être un peu plus accompagnés. En moyenne on constate que vers 3 mois la plupart ont passé ce cap et commencent d’ailleurs à réclamer à aller au sol.

Et le parent du coup ?

A chacun aussi de trouver son équilibre dans sa relation avec bébé. Des fois il est plus facile de ne pas se poser de questions et de répondre aux besoins de l’enfant sans réfléchir, en sachant que ça passera. Des fois c’est plus compliqué à vivre et on négocie avec lui pour trouver un terrain d’entente, un compromis… Dans les 2 cas là encore il n’y a pas de règle. Pas de « mieux ». L’idéal restant toujours de faire ce qui nous correspond et d’observer son enfant. Et d’accepter que les besoins et les réponses peuvent varier selon les jours parce que nous ne sommes pas des machines (et tant pis pour les bons conseils de Tatie Cunégonde) !

Et avec quoi on porte ?

Dans la continuité du reste, la souplesse est de mise. Aucune étude à ce jour n’a pu démontrer de risques accrus de blessures ou malformations relatifs à un type de portage dit « non physiologique » pratiqué avec un bébé n’ayant aucune pathologie déjà présente. On conseillera de s’orienter vers un portage physiologique pour des questions de confort, mais c’est tout.

Le portage parfait n’existe que dans les livres, les seules règles à respecter sont celles de sécurité à savoir un bébé porté verticalement, les voies respiratoires dégagées, et qui ne risque pas de chuter. Ce sont du coup les premiers objectifs de portage à atteindre avec son bout de chou, le reste n’est qu’une question de confort. On rappellera que derrière une jolie photo, il y a parfois un certain nombre d’essais et des centaines d’autres clichés ratés !

Quant aux vêtements de bébé c’est une affaire de bon sens : des habits souples et confortables (qui se verrait faire une sieste en robe de mariée ou un cours de yoga en jean slim ? Personne ? Alors pareil pour bébé, exit la robe à froufrous et le petit pantalon étroit). Et si le pyjama commence à être trop court et tirer sur les pieds, il suffit d’en changer de taille.

En bref,

il convient de remettre de la simplicité dans l’équation.Bébé a besoin d’être porté ? Portons-le, autant que nécessaire pour que chacun y trouve son compte.

Il préfère être posé ? Posons-le.

L’outil nous convient et nous facilite la vie ? Tant qu’il respecte la sécurité ma foi tout est parfait.

Être parent est sans doute la tâche la plus complexe de notre vie, celle qui cristallisera toute notre énergie, toutes nos pensées, et surtout toutes nos angoisses, pendant plusieurs (dizaines d’) années. Il est toujours facile de critiquer et juger la façon de faire des autres, et quoi que nous fassions avec nos enfants ce ne sera jamais assez bien ! Alors tant qu’à se planter, autant le faire de bon cœur avec quelque chose qui nous paraissait correct. Et accessoirement se construire avec des parents parfaits mais quelle pression pour nos enfants !

Un bébé porté en sling "rose abélia" il sourit et est confortablement blotti contre sa maman.

Le portage c’est avant tout le plaisir du contact avec son tout petit, la création d’un lien indestructible. Peu importent l’outil et la beauté du geste, personne ne décernera à quiconque de médaille s’il arrive à bien utiliser une écharpe ! Seuls comptent l’envie, les besoins, et que cela permette de faciliter le quotidien en limitant les pleurs.