Portage

Porter un enfant qui grandit

Qu’il semble à la fois lointain et proche ce temps où votre petit cœur mesurait 50cm et s’endormait lové contre vous dans l’écharpe en quelques secondes… Maintenant babychou a grandi et les installations ressemblent plus à un combat de catch qu’à un doux moment d’apaisement.

Ne va-t-il pas finir par être trop lourd ? Le portage est-il toujours possible (et souhaitable) avec un enfant plus grand ?

Les besoins du bambin

Lorsqu’on évoque le portage d’un enfant qui grandit, on entend souvent l’argument que de toute façon, à partir d’1 ou 2 ans il marchera, sous-entendu que ce ne sera plus nécessaire de le porter. Sur le papier c’est vrai, dans la réalité, un petit n’aura pas la même endurance qu’un adulte et sauf très très bon marcheur, il finira inéluctablement son trajet dans les bras ou sur les épaules de son accompagnant.

Vous l’aurez compris, même plein de bonne volonté, votre chouchou peut rapidement être fatigué et avoir besoin d’une pause. Il peut aussi avoir eu peur de quelque chose (un chien qui aboie, une voiture qui klaxonne…) et de fait avoir besoin d’un gros câlin pour se rassurer. Le trajet visé peut être plus long que prévu, ou à l’issue d’une journée de crèche un peu éprouvante.

Que vous le vouliez ou non, votre bambin finira sur vous s’il n’est plus en état de marcher ! Prévoir un porte-bébé permet de répondre à son besoin de repos et/ou contact, sans ruiner au passage votre dos et vos cervicales. Regardez jusqu’à quels âges on tend à utiliser une poussette pour les trajets compliqués, extrapolez pour le porte-bébé !

Les limites physiques du porteur

La question du poids de l’enfant est également un sujet qui revient régulièrement à l’évocation de la continuité d’un portage sur plusieurs années.

3 notions importantes sont à souligner :

La première est qu’on ne se réveille pas brusquement un matin en se disant « tiens, si je portais mon enfant de 3 ans et 15kg jamais porté avant ». Du moins on vous le déconseille fort ! Le portage s’inscrit dans une continuité depuis la naissance. On manipule un nouveau-né de 3kg, puis 4, 5… Notre corps s’habitue progressivement et en douceur à la charge qui augmente, on se muscle et on ajuste nos postures progressivement également.

Ensuite hors pathologie ou handicap, un enfant plus grand n’a heureusement pas les mêmes besoins qu’un nouveau-né ! Si le tout-petit peut rester sur son parents plusieurs heures par jour, le bambin de 2 ans va alterner marche et portage et on va l’avoir sur soi par petites tranches de 10-15mn seulement.

Enfin d’un point de vue physique pur, on considère que le poids de l’enfant commence à avoir un impact sur la santé de son porteur à partir de 30% de son poids. Comprendre que si vous pesez 70kg, votre bambin commencera à peser un peu lourd à partir de 21kg environ (soit en moyenne autour de 6 ans… ça laisse de la marge !). Ce sont évidemment des tendances, qui sont à adapter à votre forme (quelqu’un de sportif supportera une charge plus importante) et aux temps de portage (l’impact n’est pas le même pour 5mn ou 2h).

D’une manière générale, on privilégiera des installations dans le dos, qui sollicitent moins l’organisme du porteur.

Choisir son matériel

Les parents d’un enfant en plein terrible two le savent : ils vivent dangereusement ! Leur enfant est en plein ouragan émotionnel et passe sans transition aucune d’une totale coopération dans la bonne humeur au remake de l’exorciste, tout ça pour une sombre histoire de paquet de gâteau ouvert alors qu’il voulait le faire lui tout seul comme un grand (même si 10 secondes avant il demandait de l’aide pour ce faire, ça ne compte pas).

Votre enfant marche bien et vous vous dites « ça va plus besoin de système de portage » ? C’est sans compter la dualité dudit chérubin. Mise en situation, départ en balade :

« Moi y’a grand ! moi veux marcher !!! »

Vous vouliez aller à gauche ? Dommage, le voici parti à droite.

Au bout de 100m, il s’accroche à votre jambe en chouinant, il faut le porter.

100m plus loin, il a vu un papillon, il veut marcher.

100m plus loin il est à nouveau au bord de l’agonie du désespoir, il faut le porter.

100m plus loin « ho !!! une feuille morte !!!! je veux marcher !!!! »

etc

Vous l’aurez compris, l’écharpe de portage n’est clairement plus le système recommandé dans ce genre de situation (sous peine de devoir refréner une furieuse envie de la lui faire ingurgiter au bout de 300m… sans sel…). Trop fastidieuse à installer/désinstaller toutes les 3mn !

Un porte-bébé préformé clipsé à la taille, un sling, ou encore un support au portage à bras type Hop-là permettent de faire grimper ou descendre votre petit lutin sans prise de tête. Le type de matériel dépendra également de la durée de la balade, si c’est un peu long il vaut mieux privilégier le confort du préformé, si c’est pour un trajet plus court sling ou hop là peuvent suffire !

Autre argument en faveur de ces systèmes : ils permettent tous une installation rapide, ce qui n’est pas négligeable lorsqu’on doit composer avec une grenade dégoupillée prête à exploser (comprendre : un enfant pas du tout coopératif qui ne vous laissera pas prendre le temps de faire vos petits réglages tranquillou). Ils sont également tous peu contenants, et mieux tolérés par des petits bouts en pleine découverte de leur motricité et qui aiment pouvoir bouger sans se sentir entravés.

Les contraintes du quotidien

On ne peut aborder le portage d’un enfant qui grandit sans évoquer également le quotidien de la famille, et notamment les contraintes associées.

Avoir un enfant qui marche, c’est aussi devoir accepter d’aller à son rythme. Votre trajet maison-nounou habituel prend 5mn ? Ce sera plutôt 30. Si vous avez de la chance. Désolée, la préparation du repas ne peut pas rivaliser avec le magnifique caillou que choupinou vient de dénicher et veut absolument prendre le temps d’admirer. Dans un monde idéal on pourrait prendre le temps d’admirer tous les cailloux du chemin, dans la vraie vie il vous faudra parfois accélérer un peu le mouvement et porter votre enfant pour arriver à destination dans un timing raisonnable.

Selon l’environnement, il vous sera parfois difficile de laisser votre enfant marcher car il ne sera pas en sécurité. Soit parce que le secteur est plein de dangers trop attirants, soit parce que votre loupiot est fatigué et bascule en mode poulet sans tête qui court partout sans réfléchir ni faire attention à ce qui l’entoure. L’installer sur vous est alors un bon moyen de le mettre en sécurité. C’est souvent utile par exemple pour des trajets en ville, lorsqu’il y a plusieurs routes fréquentées à traverser.

Il va de soit qu’il est peu probable qu’il soit bien d’accord avec votre façon de voir les choses dans ces moments-là (la fatigue n’aide pas à coopérer), on en revient alors au point précédent à savoir choisir un système ou on peut le saucissonner pendant qu’il hurle et se débat. Précisons qu’il est également plus sécuritaire dans ces conditions d’utiliser un système de portage que juste vos bras desquels il risque de tomber ou de se défaire !

Enfin une fois à la maison il se peut aussi qu’il réclame votre attention et des câlins tandis que vous avez des choses à faire, le prendre sur vous un petit moment permet alors de concilier vos besoins et d’éviter des tensions et frustrations. On pourra par exemple l’installer dans le dos le temps de préparer le repas du soir, lui offrant ainsi à la fois le support émotionnel nécessaire pour décompresser de sa journée, et un point de vue sur ce que vous êtes en train de faire pour assouvir sa curiosité naturelle et l’impliquer dans votre quotidien.

Vous l’aurez compris, ce n’est pas parce qu’un enfant grandit que le portage n’est plus utile. A l’instar des conseils que l’on donne pour un tout-petit, tant qu’à l’avoir sur soi, il vaut mieux utiliser un système de portage et préserver son corps au maximum ! Le porte-bébé reste un allié de poids dans le quotidien et préserve la paix des familles.